Editeur du savoir-faire de la mode depuis 1841
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ESMOD Éditions, acteur majeur de la mode depuis 1841 | Esmod Editions

Retrouvez l'extraordinaire patrimoine d'ESMOD à travers plusieurs expositions numériques Google Art & Culture.

Découvrez l'héritage de la 1ère école de mode française, ainsi que l'histoire de la confection de vêtement, du buste mannequin de couture et du centimètre souple :

Fondée en 1841, à Paris, capitale de la mode, ESMOD est une école qui a su s’imposer à travers les époques comme une référence dans le milieu de la mode. Elle a suivi et anticipé les évolutions de son temps afin d’offrir une formation complète, Undergraduate et Graduate level, qui couvre tous les métiers de la mode, du Fashion Design au Fashion Business.

Ses cinq mots d’ordre sont : Création, Créativité, Technicité, Innovation et Savoir-faire.

ESMOD, c’est aussi un réseau de 20 écoles dans 13 pays qui offrent une même base de formation adaptée à la culture et au marché de chaque pays où elles sont implantées. Ce réseau est un moteur d’échanges très enrichissants pour ses élèves et anciens élèves.

Forte d’un réseau de contacts très important, ESMOD peut aisément accompagner ses élèves dans leur réussite professionnelle.

Parmi ses anciens élèves, elle compte : Olivier Rousteing (France), Juun J. (Corée), Damir Doma (Allemagne), Dice Kayek (Turquie), Alexandre Vauthier (France), Suzie Menkes (USA), Jérôme Dreyfuss (France) … .

UNE BELLE HISTOIRE QUI DÉBUTE AVEC SON FONDATEUR : ALEXIS LAVIGNE.

À l'aube de la révolution industrielle du XIXe siècle, Alexis Lavigne, grand innovateur, fut un des premiers à participer à ces changements majeurs. En inventant notamment le buste mannequin de couture et le centimètre souple, il participa à la mise en place du passage d'une confection artisanale à une production industrielle permettant ainsi la démocratisation de la mode jusqu'alors réservée à une élite.

Tout naturellement l'envie de former, de transmettre ce savoir-faire l'entraina à créer une école en créant ses propres outils pédagogiques avec ses procédés de coupe et à formaliser un enseignement technique rationnel : le fondement d'Esmod était né  ! 

En 1841, Alexis Marie Lavigne a vingt neuf ans. Cet enfant d'une famille nombreuse est né l'année de la Campagne de Russie, le 22 mars 1812, au coeur même de Paris, dans le 1er arrondissement. Curieux et inventif, il a fait son apprentissage de tailleur en effectuant un « Tour de France » en tant que compagnon, travaillant de ville en ville chez des « maîtres tailleurs d'habits ». Il s'installe à Paris en 1840, rue Croix-des-Petits-Champs, pour réaliser — comme des milliers d'autres tailleurs — des vêtements sur mesure pour les messieurs. Sa particularité ? Etre l'un des tous premiers théoriciens du métier. Pour preuve et point de départ d'une longue histoire, il publie cette année-là, un manuel de coupe qui expose en une trentaine de pages, sa « méthode », fruit de huit années de recherches.

Depuis, les publications se sont succédées. La méthode s'est perfectionnée. Alexis Lavigne a fondé une école – aujourd'hui dénommée ESMOD, qui célèbre ses 170 ans d'existence. Destinée au tout début à former les tailleurs, l'école imaginée par le professeur Lavigne va très vite étendre ses enseignements pour s'adapter et même devancer les profondes mutations qui s'effectuent dans le secteur de l'habillement. La saga des Lavigne et l'histoire de cette école unique en son genre débutent alors que la révolution industrielle bat son plein. Une nouvelle industrie, la confection, ancêtre du prêt-à-porter, est en pleine expansion.

Le génie de Lavigne

Dans l'introduction de son premier manuel de coupe publié chez l'auteur en 1841, Alexis Lavigne constate que la majorité de ses confrères travaille de manière routinière, sans aucune méthode. 

La difficulté principale, selon lui, est de mettre à la taille du client le modèle original alors que la plupart de ses confrères travaillent de manière approximative, d'où une perte de temps, d'efficacité et un résultat qui n'est pas toujours satisfaisant.

Son école de coupe naît en même temps que la publication de son premier manuscrit. Il dispensera son savoir à son domicile, 21 rue Croix-des-Petits-Champs, de 17 heures à 22 heures, au tarif de un franc l'heure de leçon. Ce premier opuscule de 1841 expose les principes généraux et particuliers, schémas à l'appui, pour tailler les redingotes, les pantalons, etc., et surtout pour tenir compte des différentes morphologies de la clientèle : positions voûtées ou cambrées, silhouettes ventrues et autres. Un manuel qui inaugure une longue série et est complété par des dépôts de brevets destinés à protéger des inventions qui serviront l'ensemble du secteur textile-habillement.

 En quoi consiste la Méthode de Lavigne?

Trente ans après la parution du premier manuel de coupe de Lavigne, ses successeurs continueront de dire qu'il existe trois procédés différents pour couper n'importe quel vêtement :

- le premier consiste à tracer soi-même un patron d'après les mesures prises sur la personne. C'est la coupe par mesures, celle qui est à l'évidence, la plus juste, la plus rationnelle, la plus scientifique aussi.

- Le deuxième procédé nécessite de faire un moulage en mousseline de la personne à habiller, comme les petites filles le font naturellement pour habiller leur poupée. Il s'agit-là de la coupe dite par moulage, séduisante a priori, mais difficile, longue à mettre en oeuvre et qui force donc les clients à de longues stations debout.

- Ie troisième procédé recourt a un patron déjà existant. On taille puis on assemble en doublure, en toile ou en mousseline, le modèle à réaliser, on l'essaie minutieusement et on pratique les ajustements nécessaires avant de redémonter cette toile dont on se sert comme patron pour couper le modèle dans l'étoffe définitive. C'est la coupe par essayage, sans doute la plus facile, mais en contrepartie, la moins inventive et la plus longue à mettre en oeuvre.


L'invention de Lavigne pourrait passer pour une lapalissade : il s'agit de partir du corps, pour aboutir à l'idée du vêtement à réaliser. Le corps est d'abord mesuré de manière simple et rigoureuse. Les mesures sont reportées sur le papier en un ordre bien défini et l'on passe ainsi d'un volume en trois dimensions à un plan. Le vêtement adapté au corps se trouve donc schématisé sur le papier, et c'est à partir de ce schéma que le dessin et les proportions sont élaborées. Tout le système de Lavigne repose donc sur une prise de mesures juste et sur la retranscription précise de celles-ci sur le papier. Il suffit pour s'en convaincre, de suivre son mode d'emploi. Sept mesures sont nécessaires afin de réaliser un corsage pour une personne de conformation régulière :

« 1 — Longueur de la taille partant de la nuque à la taille.

2 — Demi-grosseur du haut prise au dessous des bras à la hauteur de la poitrine. Les deux premières mesures servant à former le carré dans lequel on dessine le corsage.

3 — Largeur de la carrure à la hauteur du 1/3 de la carrure.

4 — Largeur de l'estomac partant du milieu de l'emmanchure [...] »

Avec les deux premières mesures, on forme un cadre qui sert de point de départ. Les quatre mesures suivantes donnent la hauteur du petit côté, la largeur de l'encolure, celle de l'estomac et de l'épaule. Du même coup, on obtient le tour de l'emmanchure... C'est à la portée de quiconque veut s'y essayer! Il suffit de suivre à la lettre les instructions et de se reporter aux exemples illustrés. 

Aujourd'hui, nos méthodes sont basées sur le même procédé de confection de vêtement inventé par Alexis Lavigne il y a près de 180 ans ! En utilisant la technique par tracé, appelée « coupe à plat », nous vous donnons des formules clefs pour vous permettre de créer vos propres patrons pour le vestiaire de la mode féminine, masculine et de l'enfant :

Le vêtement féminin Tome 1
Shopping Satisfaction
(28)
Le vêtement féminin Tome 2
Shopping Satisfaction
(18)
Le vêtement masculin
Shopping Satisfaction
(22)
Le vêtement d'enfant
Shopping Satisfaction
(23)
La Maille en coupé-cousu
Shopping Satisfaction
(10)

LES INVENTIONS D'ALEXIS LAVIGNE

Le centimètre souple

Le 29 octobre 1847, Alexis Lavigne dépose un brevet pour une machine complexe, propre à imprimer et apprêter les rubans. Mais pas n'importe quels rubans ! Il s'agit en fait du mètre-ruban, un outil indispensable au tailleur et à la couturière lors de la prise de mesures, un mètre-ruban qui s'est imposé depuis le début du XIXe siècle dans tous les ateliers de tailleurs et qui a remplacé les bandes de papier marqués à coups de ciseaux et conservées en liasse au nom de chaque client.


Dans la Fashion-Théorie du 1 février 1848, Lavigne donne les raisons de ce dépôt de brevet : « Un centimètre en maroquin a l'inconvénient de se détendre, de se décoller ou de s'effacer ; les centimètres en rubans, surtout ceux à un sou, ne sont pas aussi économiques qu'ils le paraissent. Ils n'ont aucune consistance et, en peu de temps, se chiffonnent, s'effacent, se roulent en papillote et se relèguent alors presque immédiatement avec les rognures. À l'époque où nous avons voulu reporter notre méthode sur le revers d'un centimètre, nous avions besoin que le ruban fut imperméable, qu'il ne pût se chiffonner ni se détendre, et sur lequel surtout les chiffres ne pussent s'effacer ; ne pouvant trouver à les faire fabriquer à notre idée, nous avons essayé de le faire nous-même, et la persévérance que nous y avons mis nous permet aujourd'hui d'offrir à nos confrères des centimètres d'une grande solidité et de toutes les couleurs, qu'il suffit, lorsqu'ils sont vieux ou sales, de frotter avec un chiffon mouillé pour les rendre aussi beaux que neufs »


Grâce à sa machine, Lavigne va pouvoir vendre, Cour des Fontaines (aujourd'hui Place de Valois), ce centimètre qu'il mettra également en dépôt chez de nombreux merciers, à 5frs la douzaine pour la première qualité, et à 50 centimes au détail, lorsque le ruban est imprimé d'un seul côté ou 60 centimes lorsqu'il est imprimé sur les deux faces. Jamais Lavigne n'oubliera de faire commerce de ses inventions, ni de les protéger : en 1847 également, il dépose sa marque de fabrique qui lui servira à estampiller notamment ses mètres-rubans, mais encore les craies-tailleur ainsi que tous les autres ustensiles qu'il proposera à la vente ! Et ils seront nombreux ces autres outils perfectionnés par ses soins — et vendus également au sein même de l'école — : un grand choix de règles, d'équerres, de cols de cygne etc. avec lesquels « on peut, sans le secours d'aucune méthode et sans le moindre calcul, se créer n'importe quel modèle que l'on puisse désirer ». Ces derniers témoignent d'une des préoccupations majeures de Lavigne : le système de gradation – augmentation ou diminution d'un modèle de base pour, à la fois, respecter la conformation du modèle d'origine et l'adapter au plus grand nombre. Cette recherche confine même chez lui à l'obsession ! 

Le buste mannequin de couture

La science du tailleur doit savoir s'adapter à toutes les morphologies et c'est bien ce qui différencie cet art de la confection : un vêtement tout prêt, constitué sur un homme aux mensurations standard, s'il n'est pas adapté, ne sera pas seyant sur un homme efflanqué et voûté, pas plus qu'il n'ira à un monsieur petit et ventripotent !

Lavigne ne cesse d'attirer l'attention de ses lecteurs et élèves sur ce point. Il multiplie les exemples et les recommandations techniques, dessinant ou même caricaturant les différentes morphologies de sa clientèle tout en indiquant ce qu'il convient d'ajouter ou de retrancher préalablement à la coupe. Même la posture peut faire varier l'allure d'un vêtement, car une personne de proportions régulières peut se tenir le buste très en arrière ou au contraire, penché vers l'avant et l'aplomb du vêtement s'en trouvera perturbé. Selon lui, la coupe doit tenir compte de toutes les morphologies et s'employer à corriger, à masquer ou à « maquiller » les défauts physiques de la clientèle.

Lavigne ne se lasse pas des typologies. Il dessine, et incite ses élèves à dessiner, et à l'heure où il n'existe que de vagues mannequins d'osier, il songe à réaliser des bustes d'après nature afin de faciliter le travail du tailleur. Cet artifice permettrait, selon lui, d'élaborer le vêtement en tenant compte de l'éventuelle difformité du client. Le procédé éviterait de longues séances de retouches lors des essayages. À une époque où beaucoup de tailleurs parisiens habillent une clientèle étrangère, ce serait un moyen de travailler à distance. Un buste moulé sur nature, une bonne fois pour toutes. Alexis Lavigne reçoit une Mention Honorable pour ses mannequins moulés sur nature à l'Exposition de l'Industrie en 1849 mais, loin de s'en contenter, son esprit industrieux poursuit ses recherches.

Le 5 novembre 1854, il dépose un brevet pour la fabrication de bustes mannequins moulés sur plâtre. Puis il en lance la fabrication dans les ateliers dont il dispose à Levallois-Perret. Le 17 janvier 1860, il fait un ajout à ce brevet pour une boîte étui. Habile à communiquer, en 1857, il fait le moulage du buste de l'impératrice Eugénie, dont les formes dit-on, sont exemplaires. Il lui offrira ce buste dans un élégant caisson de style Boulle, servant au transport autant qu'à la présentation et bénéficiera en retour d'une accréditation, comme « tailleur-amazonier de l'impératrice ».

Devenu amazonier, puis spécialiste du vêtement de sport, ses talents de coupeur le feront rapidement reconnaître comme l'un des meilleurs tailleurs de Paris pour la réalisation de ces fameux costumes d'équitation qui nécessitaient une grande précision dans la coupe et que seuls les tailleurs pour hommes savaient pratiquer.

En dépit de son succès, Lavigne comprend cependant qu'il est peut-être en train de faire fausse route avec le « sur mesure » ! Bientôt, en effet, il lui deviendra impossible de répondre à la multitude de demandes individualisées qui se manifestent. L'inventeur va donc modifier sa perspective pour passer à un stade industriel en inversant sa démarche.

Il va standardiser sa production : « La majorité des dames ayant une conformation régulière, nous sommes partis de ce principe et avons formé des séries de la plus petite à la plus grande taille que nous destinons au commerce lequel ne peut apprendre avec indifférence que tout ce qui se confectionne sur nos bustes, basés sur des proportions dues à la statuaire est d'un placement assuré ».

Et c'est ainsi que grâce à ces bustes, « on peut se faire confectionner ses robes sans être obligé de les essayer. Nos bustes sont indispensables aux dames habitant la province ou l'étranger et qui ont l'habitude de se faire habiller à Paris » disent encore les publicités.

À la fin du Second Empire, Lavigne est prêt à inonder le marché de ses bustes réalisés dans toutes les tailles. Le sort en décide autrement puisque la fabrique de Levallois-Perret est totalement bombardée lors de la guerre de 1870. Les années qui suivent sont difficiles la clientèle huppée du Second Empire s'est évanouie et l'industrie entière connaît une passe délicate au commencement de la Troisième République.

Lavigne se replonge donc dans la recherche et dans l'enseignement mais, inventeur né, il ne renonce pas pour autant à ses fameux mannequins. Puisqu'il ne dispose plus d'usine pour les fabriquer, il va se contenter de vendre le mode d'emploi et les outils. Le 28 juin 1876, il fait breveter le principe d'un moulage sur nature de bustes en plâtre ou autre matière, réalisés en dix minutes, à destination des tailleurs et couturières.

Sont brevetés par là-même tous les instruments qui servent à la réalisation du mannequin, comme le « pinceau récipient » qui sert à l'application de stéarine sur le maillot élastique dont est recouvert le buste du client en vue du moulage.

C'est à cette époque qu'un de ses employés et disciples, Fréderick Stockman, se lance à son tour dans la production à grande échelle de buste mannequin.

Sa marque est devenu une référence mondiale dans l'industrie de la mode depuis le début du XXe siecle.

Nos bustes mannequins ESMOD pour homme et femme sont les dignes successeurs du buste inventé par Alexis LAVIGNE en 1854 ; seuls leurs mensurations ont changé afin de suivre depuis 2008 les mesures du prêt-à-porter, revues lors de la dernière campagne de mensurations européennes. Afin de permettre une recherche de volumes en moulage avec un minimum de textile, nous avons crée un demi buste de taille 38 !

 (Texte extrait de l'ouvrage Saga de mode, 170 ans d'innovations, de Catherine Örmen)

 
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